RedMan

Redman, considéré par certains comme le plus gros "fumeur" du hip hop US, et poulain d'Erick Sermon est apparu en 1991 sur "Hardcore", un titre d'EPMD qui lui convenait déjà à merveille. Quelques années plus tard, sa place au panthéon du hip hop est faite...

Reggie Noble alias Redman est né à Newark dans l'état du New Jersey. Il paraît qu'on l'appelait "Red" à cause de ses reflets rouge.

A l'âge de 10 ans, sa mère lui a offert des platines et c'est avec ça qu'il fera ensuite ses premiers pas dans les clubs.

Viré de chez lui par sa mère, fatiguée de voir son fils tremper dans des affaires louches, comme par exemple la vente d'herbes dans son lycée. Redman sait que les solutions pour s'en sortir ne sont pas nombreuses. Il mise tout sur son talent. "C'est la seul chose que j'avais à faire pour vivre à cette époque, parce que je n'étais pas assez brillant pour rentrer à la Fac et je n'arrêtais pas de me faire virer de mes petits boulots comme un enculé. Il fallait que je réagisse: ça a été le rap".

C'est là qu'il trouve refuge chez un certain Erick Sermon, rencontré dans un club rap du New Jersey un peu auparavant. Celui-ci devient son producteur musical et exécutif.

EPMD est en pleine gloire, mais E Double pose sans le savoir les premières fondations du Def Squad. Redman profite du troisième LP du duo de Long Island, "Business As Usual", pour exploser à la face du monde en 1991 grâce à un mémorable couplet sur "Hardcore" et une présence remarquée sur "Brothers On My Jock", sans oublier celle sur "Headbanger".

Reggie signe, dans la foulé, sur le label de Rick Rubin "Def Jam" en 1992 et il commence à prendre ses affaires au sérieux. Il raconte: "J'ai réalisé que le rap pouvait, ou devait devenir mon métier après le premier album, après que je me fasse virer de chez ma mère. Il m'a fallu trouver une solution. Je ne me voyais pas travailler pour quelqu'un, il fallait que j'entreprenne quelques chose par moi même, que je me mette à mon propre service".

Et voilà les résultats, en 1992, il sort son premier album "Whut ? : Thee Album" où il mêle ses influences reggae et funk à un rap satirique, certifié or.

Il cartonnera l'année suivante aux cotés des classiques comme "Doggystyle" de Snoop Doggy Dogg de Long Beach ou encore du "Nuthin But A G Thang" du producteur rapper de Death Row .

Champion de l'underground, il est passé au statut de superstar aussi vite que son flow turbulent et lumineux déballe des lyriques déconcertantes. Dans une interview il dit: "Il est parfois difficile de suivre la voie musicale que l'on s'est tracé, parce que l'on réalise que ce que l'on fait ne marche pas tout le temps. Tu peux te rater si tu n'as pas les bonnes personnes dans ton entourage, des gens qui ne te lèche pas le cul sans arrêt, qui sont honnêtes avec toi et qui te disent si ce que tu fais c'est bien ou pourri.. Je n'est pas de temps à perdre avec des lécheurs de bottes". et son entourage n'as pas changé depuis le debout.

Le noyau dur du Def Squad, Redman, Sermon et Keith Murray reste soudé malgré les épreuves. Le fait que Keith soit en délicatesse avec la justice affecte beaucoup Redman. "Déjà il s'est retrouvé au tribunal suite à des conneries. Il n'aurait jamais du être là. Il devrait sortir. Nous devons aller jusqu'au bout de l'aventure Def Squad. Mais je sais que ça va aller pour Keith. Nous somme très solidaires, je vais m'occuper de ses affaires et veiller sur lui jusqu'à ce qu'il sorte". La star de Newark angoisse car Keith avec ses déboires avec la justice lui fait vraiment réfléchir sur ce qui peut lui arriver. Il s'est déjà sorti de situation semblables. On peux ne même pas être coupable ou être responsable des événements, mais dès qu'une personne te reconnaît et porte plainte contre toi, tu ne peux plus rien, explique Redman.

En 1994, Redman sort un nouvel album "Dare Is A Darkside", Redman a appris à canaliser ses émotions et les retranscrire au travers de sa musique à l'exemple de cet album, certainement le plus sombre de sa discographie.

Ce LP retrace une période tourmentée de Reggie Noble, période où il a dut apprendre à vivre avec sa récente célébrité et les événements d'un quotidien pas toujours heureux. Une double vie qu'il affirme bien gérer aujourd'hui: "... de temps à autre, il faut savoir séparer sa personnalité d'artiste de son quotidien. Tu mène deux style de vie, le rap n'est pas n'importe quel job. Dans un métier normal, tu peux rester toi même, tu fait ce que tu as à faire et tu te pointe à la sortie du boulot. Dans le rap il faut apprendre à se vendre sous les traits d'un personnage sans jamais oublier qui tu es en réalité. Dans ce milieu, tu agis principalement pour ton bien comme dans tout autre carrière, mais le rap n'est pas un univers tout fait qui s'inscrit dans la norme non plus. Les autres MC'z savent combien c'est dur. J'essaie de me maintenir, de rester concentré sur la direction que j'ai choisie. Mais cela reste de la musique et c'est ce que j'aime".

Ce qui compte pour lui c'est juste de faire subsister son entourage et éviter les ennuis. Il veut aussi faire sortir Keith de sa situation et il voudrait aussi faire déménager sa mère du quartier dans lequel elle vit toujours.

Une nouvelle priorité vient de s'ajouter à l'agenda du rapper, un petit Reggie âgé de quelques mois. Le jeune père ne semble pas être perturbé pour autant il dit même "...tous les mecs dans le Hardcore ont des bébés", il dit aussi qu'il a la responsabilité de rendre son fils suffisamment fort pour lui permettre de suivre dans ce monde.

Même si le Funk Doctor continue d'étaler sa science du beat lourd et du roulé de blunt sans cesser de compulser ses archives il ne semble toujours pas admis dans le caste des "Best MC'z" définie par les critiques du Rap Game.

Peut être lui reproche-t-on la redondance de ses sujets ou le manque de profondeur dans ses textes. Pour Redman, qui connaît ses forces, l'objectif n'est pas de monter sur n'importe qu'elle podium virtuelle mais de réussir a faire son trou sur une scène Hip Hop bien réelle.

Après trois disques d'or, il en remet une couche supplémentaire avec "Muddy waters" en 1996 et "Doc's da name 2000" en 1998.

Depuis Redman concède que même les business man blancs cravatés le reconnaissent et le saluent dans la rue.

Il collabore l'année suivante avec Method Man sur le LP Blackout !. Après trois ans d'absence en son propre nom, Redman fait son retour en 2001, avec "[s]Mal practice[/s]".

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